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Avis du Docteur Jacques Le Houezec - Genericlop

Questions posées au Docteur Jacques Le Houezec

Il existe de nombreux avis positifs  sur la cigarette électronique laissés par des tabacologues, des pneumologues, des cardiologues et des cliniciens mais ceux-ci sont toujours, soit des américains, anglais, néo-zélandais ou provenant de tout autre pays que la France. A croire que les Tabacologues Français, par corporatisme ou timidité mal  placée, ont du mal à exprimer une autre opinion que les traditionnels : « il faut arrêter totalement la nicotine » , ça peut rendre les jeunes dépendants », « il vaut mieux ne pas en consommer tant qu’on n’en sait pas plus » ou autres « le principe de précaution prévaut ».
 
Or non, justement, face au tabagisme, il vaut mieux une quelconque incertitude qu’une mort certaine. Cette gestion des risques que n’ont pas peur d’évoquer les tabacologues anglo-saxons semble faire défaut à leurs collègues français comme si les statistiques et les probabilités ne pouvaient être appliquées aux risques de santé publique pour tout ce qui concerne le tabagisme en France.
Jacques Le Houezec est conseiller en Santé publique et en Dépendance tabagique. Charter member de la SRNT (Society for Research on Nicotine and Tobacco). Ex-administrateur en tant que European member-delegate. Président de la SRNT Europe. Directeur de www.treatobacco.net, la base de donnée sur les traitements de la dépendance au tabac, développée par la SRNT. Vice-Président du Comité National Contre le Tabagisme et membre de la Société Française de tabacologie. C’est peut-être sa longue expérience internationale qui l’a rendu plus pragmatique et plus ouvert.
 
Cigarette-electronique-recherche.fr : Dans des entrevues précédentes que nous avons auparavant menées, de nombreux scientifiques ont estimé que, basé sur les preuves actuellement disponibles, le risque pour la santé des cigarettes électroniques se situe entre 1% et 1 millième de % comparé aux vraies cigarettes.   Etes-vous d’accord avec ses allégations?
Jacques Le Houezec : Oui, il est évident que les risques liés à l’utilisation de la cigarette électronique sont considérablement moindres, voire insignifiants par rapport à la cigarette conventionnelle ou tout produit du tabac utilisé sous forme combustible. Le premier danger de la combustion est la production de monoxyde de carbone, un poison puissant puisqu’il possède une affinité pour l’hémoglobine (qui assure le transport de l’oxygène dans le sang) 200 fois supérieure à celle de l’oxygène. Fumer, c’est comme vivre dans un milieu appauvri en oxygène. C’est une cause très importante de maladies cardiovasculaires. C’est pour cette raison, entre autres, que l’on a interdit de fumer dans les lieux publics, pour protéger fumeurs et non fumeurs des effets nocifs de la fumée (il est important de savoir que la fumée dégagée par la cigarette lorsqu’elle n’est pas fumée est encore plus toxique que celle qu’inhale le fumeur !).

Question : Il y a eu également plus de recherche conduite en Europe  Quels sont les derniers développements concernant l’efficacité en tant que substitut nicotinique ?

Réponse : Dans ce domaine nous manquons de données solides. Trop peu d’études ont été conduites et publiées sur la cigarette électronique pour se faire une idée définitive. Mais les quelques données accessibles sont plutôt encourageantes, et d’autres études sont en cours. Mais si l’on se réfère aux dires des utilisateurs sur les nombreux forums sur internet il semble qu’ils soient plutôt satisfaits des résultats et qu’ils arrêtent souvent de fumer des cigarettes conventionnelles.


Question : Quels sont les avancées concernant l’innocuité du dispositif?

Réponse : Là encore nous n’avons que peu de données. Mais deux études récentes réalisées en Italie et aux USA semblent confirmer la faible toxicité des vapeurs des cigarettes électroniques par rapport aux cigarettes conventionnelles.


Question : La position prise par la plupart des groupes de santé publique  est que ces dispositifs ne devraient pas être utilisés avant qu’ils n’aient subi davantage d’essais étendus. Est-ce que vous êtes en accord avec cette proposition ?

Réponse : Non, car comme je l’avais déjà exprimé dans le passé pour le tabac non fumé de type suédois (snus), le risque est tellement moindre qu’il ne  me paraît pas utile d’attendre indéfiniment, en tout cas plusieurs années, pour obtenir une réassurance. Par contre si l’on ne fait rien, si l’on reste dans la situation du «   quit or die   » (arrêter ou mourir) prôné par les jusqu’au-boutistes du contrôle du tabac, de nombreux fumeurs mourront  de leur tabagisme.


Question : L’OMS à notamment exprimé quelques craintes concernant la délivrance de nicotine aux poumons par l’intermédiaire de ce dispositif. Il y a notamment une étude Grecque qui alerte sur l’augmentation de la résistance pulmonaire à cause de la cigarette électronique. Partagez-vous ces craintes ?

Réponse : La délivrance de nicotine jusqu’au poumon ne peut pas être plus dangereuse que lorsqu’elle y est apportée par la fumée de tabac, qui contient plus de 7000 substances chimiques, dont 69 cancérigènes. La nicotine n’est pas dangereuse en soi, elle n’est la cause que de la dépendance. L’étude grecque n’est pas valide, elle n’a pas comparé l’effet de la cigarette électronique avec celui de la cigarette conventionnelle, qui est sans aucun doute bien plus dangereux.


Question : À l’aide d’une cigarette électronique, et en connaissant la composition de ses ingrédients, de quelle manière les fumeurs peuvent-ils espérer que leur santé s’améliore ?


Réponse : Les seuls ingrédients communs entre une cigarette électronique et une cigarette  conventionnelle sont la nicotine et les arômes. La nicotine c’est la même, mais elle pénètre sans doute un peu moins vite dans l’organisme (la nicotine ne descend sans doute pas aussi profond qu’avec la cigarette fumée), les arômes, on ne sait pas trop. Ils sont acceptés comme ingrédients alimentaires, mais on ne connait pas leur devenir lorsqu’ils sont chauffés. Reste le propylène-glycol ou le glycérol, et là non plus on ne connait pas à long-terme leurs effets lorsqu’ils sont inhalés. Mais au moins, il n’y a plus de monoxyde de carbone, de gaz oxydants, de cancérigènes, etc…


Quesion : Qu’est ce qui n’est pas susceptible de s’améliorer suite au passage à la cigarette électronique ?

Réponse : La dépendance, sans doute, mais si le comportement qui la déclenche est considérablement moins dangereux, ce n’est plus qu’une question de morale. Pas grand chose à voir avec la santé publique.


Question : Une étude en Europe a suggéré que d’avoir rendu le « SNUS » illégal avait coûté des milliers de vies européennes. Bien que ce soit particulièrement difficile à estimer, à votre avis, une interdiction de la cigarette électronique en France pourrait-elle entraîner la mort de fumeurs ?

Réponse : Oui, tous les jours où certains fumeurs pourraient déjà remplacer leur tabagisme par un comportement moins dangereux (snus ou cigarette électronique) coûtent des centaines de vies humaines de par le monde (environ 200 morts par jour en France). Tant que l’on ne dira pas la vérité aux fumeurs, qu’on leur fera croire que d’autres produits sont dangereux en les interdisant (c’est aussi le cas en Australie) alors qu’ils pourraient peut-être leur sauver la vie, le nombre de morts à cause du tabac ne fera qu’augmenter.


Question : En dépit des études qui montrent une réduction du risque, l’OMS préconise une interdiction de la cigarette électronique. Pourtant l’interdiction d’un produit tellement plus sûr que les cigarettes traditionnelles semble absurde. Quelle est d’après vous la raison de cette opposition à la cigarette électronique ?

Réponse : A mon avis, c’est une position, moraliste, jusqu’au-boutiste des personnes en charge du contrôle du tabac. Leur rêve c’est d’éradiquer le tabagisme, pas de sauver des vies. Ce n’est pas l’OMS qu’il faut accuser, mais les soi-disant experts qui la conseillent.


Sources : ECD